Association Rèpublicaine Irunaise
"Nicolás Guerendiain"
La défense des valeurs républicaines et la récupération de la mémoire historique

Aita Patxi (Grand-Père), ¿Premier Saint Républicain?

Photo d'Aita Patxi

L' Aumonier d'un bataillon basque est en voie de canonisation. Une biographie met au jour ses prouesses. FRANCESC VALLS

EL PAIS 04/06/06.- "¡Le fait de déserter est un péché!", tonitruait la voix d'Aita Patxi pendant que l'aviation franquiste pilonnait encore et encore les positions des républicains et des nationalistes basques sur le mont Gorbea. Muni de son autel portable dans une valise de 27 kilos et avec la croix du jeûne préceptif sur lui, Victoriano Bondra Muruaga, religieux passionniste, aumonier du bataillon Rebelion de la Sal, parcourrait tous les fronts sur lesquels les troupes loyales à la République combattaient les rebelles.

Malgré le fait d'être couvert par la dévotion des Gudaris (soldats basques) du PNV (Parti Nationaliste Basque), Aita Patxi (Arrieta, 1910-1974) partageait la tranchée avec les socialistes et communistes des Bataillons Rosa Luxembourg ou Amuátegui, peu enclins à comprendre les complexités d'une église qui de manière générale bénissait la rebellion franquiste et lui "donnait le rang de Croisade", rapelle l'historien et moine de Montserrat Hilari Raguer, auteur de la biographie d'Aita Patxi, prisonnier avec les gudaris (editorial Claret, 2006). Le curé en question va donc via un chemin -long et tortueux commencé en 1990- vers la sainteté, et de ce fait il deviendrait le premier saint du côte républicain.

Bien que les miracles préceptifs soient loin d'être là, Aita Patxi fut fait prisonnier en 1937 et se proposa par deux fois à remplacer à des prisonniers devant être exécutés. Sa vision du martyre était inspirés par les patriotes et bibliques frères Maccabées, plus proches de la sainteté volontaire qu'à la conjoncture que vécurent nombre de ceux qui ont déjà acquis la sainteté."A ces derniers on leur a accordé le titre de martyr de la Croisade, une apellation cette dernière pour lemoins discutible, étant donné que l'église s'était constituée comme une des parties en conflit et définie, de ce fait, contre la République", selon affirme Raguer.

"Le cas d'Aita Patxi est diffèrent et garde un certain parallèle avec celui de Saint Maximiliano Kolbe", continue d'affirmer l'historien. L'Evequé de Bilbiao et Président de la Conférence Episcopale Espagnole, Ricardo Blazquez, partage cette thèse dans le prologue du livre. "Kolbe offrit sa vie et mourut à la place d'un père de famille juif (à Auchswitz)", rapelle le prélat et il ajoute: "Aita Patxi offrit sa vie dans le camp de prisonniers de San Pedro de Cardeña (Burgos) à la place de celle d'un prisonnier communiste, père de deux enfants (Esteban Plágaro)". En principe, les Autorités de la prison et la Junte de Burgos acceptèrent l'échage. Le commandant du peloton d'exécution apporte son témoignage: "Il se plaça face aux soldats qui étaient prêts à exécuter la sentence; j'ai donné l'ordre au peloton d'être prêts à tirer. On voyait le père Francisco sourire et heureux de mourir à la place du condamné. Je n'ai pu contenir mon émotion et je lui ai dit, ¡Mon Père, retirez-vous!. Le communiste asturien ne fit l'objet d'aucune miséricoirde; il fut exécuté le lendemain.

De camp en camp, ne voulant pas jouir de sa condition d'aumonier ni faire valoir ses galons de capitaine pour éviter les corvées, Aita Patxi, nationaliste basque têtu porteur de la foi et dévot de la prière et du rosaire, offrit de nouveau sa vie pour être fusillé alors qu'il creusait des tranchées pour les franquistes à la Casa de Campo (Madrid). A cette occasion là, plusieurs camarades de captivité passèrent du côté républicain, et Aita Patxi postula pour être fusillé à la place de n'importe quel autre prisonnier. Cette fois-ci non plus il n'obtint gain de cause dans une guerre qu'il essayait sans succès de cadrer dans son univers d'espagnols, nationaux, requetés, nationalistes basques et républicains. Il a lui même vécu le drâme de la dicision de l'église: il fut fait prisonnier par un curé réquété pintolet à la main, aspect ce dernier pour lequel il passe sur le bout des pieds dans ses mémoires. "Je ne sais pas s'el était armé" assure le passionniste. Cependant l'historien Raguer en conclut que c'est là un détail pitoyable, car el est peu vraisemblable qu'on fasse des prisonniers en première ligne sans être armé". Certains témoins affirment que, lors de l'interrogatoire, le réquété consacré, lui donna deux belles gifles. Mais la fidélité envers le Gouvernement Basque de Aita Patxi ne faillit pas nullement. Un officier de l'Armée Franquiste insistait auprès de lui pour qu'el déclarât qu'il était passé du côté rebelle, ce à quoi el rétorque, "eh bien laissez-moi libre et vous verrez quel côté je choisis".

Compliments d'athées

Pour tout cet ensemble de circonstances, l'aura de Saint Homme et aux prinsipes affirmés l'accompagna toujours. "Mon Père, si tous les curés étaient comme vous, je deviendrais croyant", le complimentaient athées et agnostiques républicains. Aita Patxi, avec une insistance toute catholique, essayait d'attirer à la prière du rosaire les anarchistes, communistes et socialistes, enemis conjurés d'une église au sein de laquelle, d'après Raqur, on confondait fumé de l'encens avec le poudre.

Photo du bataillon Rebelión e la Sal
Temoins et amis du bataillon Rebelion de la Sal,
au troisième anniversaire de la mort de Patxi.

En fait, le seul privilège que put obtenir Aita Patxi, fut celui d'avoir par écrit les licences saerdotales en vue de célébrer la messe dans le camp. Pour cela il eut un entretien à Tolède avec la Primat Catalan qui fut l'âme de la Croisade: el cardinal Gomá, duquel il obtint les licences verbalement. Sûr que Aita Patxi ignorait alors la réponse de Gomá au chanoine Onaindia, qui lui avait demandá au nom de Dieu de faire cesser les bonbardements sur les populations civiles, tel celui de Gernika. "Je regrette la destructions de vos villes où eurent leurs sièges, dans d'autres temps, la foi et la patriotisme les plus purs...Mais je me permets de répondre à votre lettre pleine d'angoisse, par un simple conseil; que la ville de Bilbao se rende", voilà ce que disait dans sa lettre un Gomá qui à l'heure de s'engager et de conner par écrit les licences au passionniste se déclarait étonammente agraphe.

Après deux ans de captivité dans divers camps, Aita Patxi mena une vie d'aide aux malades. Pour ce faire, il parcourut le Pays Basque en stop. Infatigable, comme quand il était jeune, il était conscient qu'il jouait en térritoire ennemi, mais jamais el ne cessa de vouloir attirer à la prière du rosaire le plus païen des routiers.